Marché des céréales
Le cours des céréales françaises progresse de 20 à 25 €/t depuis le 20 juillet
Blé
Depuis le 20 juillet, date de notre dernière parution, le cours du blé français rendu Rouen a progressé de 26,25€/t. Sur le marché à terme, le cours du blé a franchi la barre des 200 € pour rapidement s’envoler et traiter au plus haut à 219.50 €/t en cours de séance le mardi 7 août. Sur le marché physique, les primes se sont également appréciées de 1 à 3 €/t en rendu portuaire, voire plus pour certaines parités sur le marché intérieur.
Au fur et à mesure que la moisson avance dans les principaux pays producteurs de l’hémisphère nord, les prévisions de production baissent, notamment chez les principaux exportateurs. Début juillet, dans son rapport de l’offre de demande mondiale, l’USDA projetait déjà des stocks de report tendu chez les principaux exportateurs compte tenu des productions en baisse et de la demande attendue (cf. journal du 13/7). Du fait du climat adverse dans de nombreuses régions du monde, les prévisions de productions se rétrécissent à nouveau et le marché s’envole. Si la demande en alimentation animale peut se réduire au profit d’autres matières premières, la demande en alimentation humaine, elle, est inélastique. Entre baisse de production et dégâts sur la qualité des blés en Russie, mais aussi en Europe du Nord, les disponibilités en blé meunier inquiètent les acheteurs.
Ces derniers, notamment l’Egypte et l’Algérie, se sont positionnés aux achats tout au long des trois semaines, payant chaque fois plus cher que leur précédente affaire.
Le Conseil International des Céréales a ajusté ses prévisions de production le 26 juillet, estimant la production mondiale à 721 Mt soit 16 Mt de moins que ses estimations de début juillet (758 Mt l’an dernier). La production européenne est attendue à 131,2 Mt selon le CIC. Stratégie grains, dans son rapport du 9/8 l’estime à 127.7 Mt, soit 14 Mt de moins que l’an passé. Dans la série des chiffres, les opérateurs sont surtout très en attente des prévisions de l’USDA à paraitre ce vendredi.
Dans ce contexte de forte baisse de la production européenne, le blé français ira-t-il vers l’export Pays-Tiers ou restera-t-il en Europe pour palier à la baisse des disponibilités en fourrage pour les animaux ? A ce jour, les prix des différentes origines montrent que le blé français, pour le moment, est trop cher pour se placer sur le marché mondial en sus de son marché captif. Mais l’orientation des flux des marchandises dépendra aussi fortement de la production européenne et mondiale de maïs.
Maïs
Depuis le 20 juillet, date de notre dernière parution, le cours du maïs français de la récolte à venir a augmenté de 18,50 €/t en rendu portuaire sur la façade atlantique et de 24 €/t sur le Rhin. Tiré par le marché du blé tendre et animé par des craintes concernant la production européenne, le marché monte, mais peu d’affaires se réalisent. A quelques semaines du démarrage des récoltes dans l’hémisphère nord, l’équilibre du marché mondial est encore difficile à percevoir.
Aux Etats-Unis, principal producteur et fournisseur mondial, les cultures sont en bon état et prometteuses. Les opérateurs s’attendent à ce que l’USDA retiennent un rendement moyen supérieur à celui du mois dernier dans le rapport qui sera publié ce vendredi 10/8 en fin de journée. Le prix du maïs américain, s’il a également progressé ces dernières semaines dans le sillage des céréales à paille, reste l’une des céréales les plus compétitives attirant ainsi l’essentiel de la demande mondiale.
En Ukraine : après une longue période de temps sec et chaud, les pluies et températures plus fraîches permettent maintenant d’espérer une belle production dans ce pays, à 27-28 Mt selon différentes sources. Ce qui laisserait des disponibilités exportables de l’ordre de 20 Mt. Elles seront vraisemblablement captées par l’Union Européenne qui devrait malheureusement accroitre son déficit de maïs cette année et devrait donc enchaîner une nouvelle année d’importations records.
En Europe, la sécheresse et les températures caniculaires de cette fin juillet/début aout pénalisent le développement des cultures de maïs. Sont principalement touchés la France, l’Allemagne et la Pologne. En Europe du sud-est (Bulgarie et Roumanie) l’arrivée de pluies depuis mi-juillet est bénéfique et l’on s’attend, pour le moment à un bonne récolte, comme en Hongrie et en Croatie.
En France, le Ministère de l’Agriculture (Cf. Note de conjoncture Agreste) prévoit un potentiel de rendement en forte baisse par rapport à 2017 : 90,3 q/ha contre 101 q/ha et une production de maïs-grain (y compris semences) à 13,1 million de tonnes. Mais au regard de la sécheresse ces estimations paraissent à ce jour optimistes. En situation irriguée, dans la plupart des cas, les potentiels sont sauvegardés. Par contre, la sécheresse impact significativement les potentiels de rendements, en situation non irriguée. Dans de nombreuses régions françaises, on entérine déjà une baisse de rendement par rapport à l’an dernier.
La sécheresse a également un impact important sur l’ensemble des fourrages disponibles pour l’élevage. La baisse de rendement attendue sur les maïs fourrage va conduire les éleveurs à ensiler des surfaces initialement prévues en maïs grain pour couvrir les besoins de leurs animaux. On s’attend à un basculement conséquent à l’échelle nationale car toutes les régions sont concernées.
Dans ce contexte, le marché à terme du maïs a traité au plus haut à 198 €/t le mardi 7 août. Ce jeudi, les températures ont chutées et les prix du maïs ont fait de même, perdant en séance 3,5 €/t.
Orge
Le bilan mondial de l’orge s’avère également tendu. Depuis déjà des mois les orges européennes trouvent preneurs sans difficultés sur le marché mondial. Avec une réduction supplémentaire de la production européenne, attendue à 57 Mt selon Stratégie Grains, le cours de l’orge s’affiche maintenant au même niveau, voire supérieur, au blé tendre.
Les chargements à destination de la Chine se sont accélérés. On note cette semaine plus de 170 kt chargées dans les ports français. Depuis début juillet 430 kt d’orge ont été expédiées depuis la France vers ce pays.