Marché des céréales
Les marchés macroéconomiques continuent de mener la danse
Semaine noire sur les marchés macroéconomiques en réaction à la pandémie de coronavirus qui menace les économies mondiales. Après l’échec d’un accord entre l’Arabie Saoudite et la Russie pour prévenir la chute des cours, le pétrole a décroché lundi perdant 30% sur la journée. Les marchés actions ont suivi, le CAC 40 a cédé 10% sur le même jour, et le taux euro/dollar a atteint ses niveaux les plus bas depuis janvier 2019. Si ces mouvements ressemblent fortement à des mouvements de panique et que l’impact réel de la pandémie est pour l’heure difficile à chiffrer, ils ont lourdement pesé sur les cours des matières premières.
Le cours du blé à Chicago s’est maintenu en début de semaine, dans l’attente du rapport USDA publié le 10 mars et qui n’a finalement apporté aucun changement au bilan américain, pour finalement céder $9cts/bu jeudi sur le contrat mai 2020. Sans la demande chinoise, les exportations américaines ne présentent pour l’instant pas de perspective d’amélioration.
Le marché Euronext, entrainé par les marchés mondiaux, a quant à lui perdu €1,75/t sur le contrat mai en l’espace de trois sessions. Ce mouvement semble d’autant plus exagéré que les fondamentaux, et en particulier les flux, ne sont pour l’instant pas impactés par l’épidémie.
Les exportations françaises de blé tendre se maintiennent à un rythme record et atteignaient 8Mt à la fin du mois de février selon France Export céréales. Le blé français bénéficie de sa compétitivité, de sa qualité, ainsi que de la discorde entre la Chine et les Etats Unis qui lui a permis d’augmenter ses parts de marché sur des destinations inhabituelles. Ainsi, l’Afrique Subsaharienne, l’Egypte et surtout la Chine qui fin février avait importé 750kt de blé français, permettent à la France d’enregistrer des volumes d’exportation record. France AgriMer a augmenté ses chiffres d’exportation pays tiers à 12,7Mt (+100kt vs. février), et si le rythme se maintient sur les quatre derniers mois de campagne, le volume total pourrait avoisiner 13Mt, du jamais vu.
Plusieurs appels d’offre se sont également tenus cette semaine, l’Algérie a acheté 600kt vraisemblablement origine France, la Tunisie 125kt origine Mer Noire, et la Turquie 305kt.
Du côté de la nouvelle récole, le marché reste particulièrement vigilant aux conditions des blés Mer Noire, où les pluies font craindre pour la qualité des récoltes.
Les marchés du maïs n’ont pas non plus été épargnés. La volatilité était particulièrement forte cette semaine et les fondamentaux du marché américain restent lourds compte tenu de l’absence d’une demande additionnelle chinoise et du retard déjà enregistré au niveaux des exports. Sur Chicago, le contrat mai 2020 cédait $2,75 cts/bu sur la session de mercredi.
En France, ls fabricants d’aliments ont augmenté l’incorporation du maïs à leurs formulations au détriment du blé, puis de l’orge.
Le marché des orges a également accusé le coup, malgré des conditions de semis toujours aussi difficiles en France, où seuls 33% des surfaces de printemps sont semées contre 88% l’an dernier.