Marché des céréales
Tensions diplomatiques
Blé
Alors que les relations sino-américaines animent le marché des grains depuis des mois, c’est au tour de la Russie et de l’Ukraine de souffler un nouveau vent d’inquiétudes sur le commerce.
Si les tensions diplomatiques entre la Russie et l’Ukraine à propos du détroit de Kersh ne semblent pas avoir d’impact immédiat sur les prix des grains, elles plongent le marché des céréales dans une certaine torpeur.
Vendredi, la Turquie a bouclé son appel d’offres sans souci particulier pour s’approvisionner en blé à 13% de protéines. Finalement, le Pakistan a accordé des subventions à l’exportation pour 500kt de blé et non pas 3 Mt comme cela avait été précédemment annoncé. Ces 500 kt entrent dans l’activité habituelle du pays qui a exporté ces trois dernières années entre 900 kt et 1,2 Mt. Elles ne sont donc pas de nature à bouleverser les échanges mondiaux.
L’Argentine n’a pas encore terminé sa récolte de blé et les conditions de moisson ne sont pas idéales, mais pour le moment les inquiétudes qualitatives ne se confirment pas. Le blé argentin à 12,5% de protéine reste offert à 20-25 $ de moins que le blé français… ce qui lui permet de compenser la différence de fret et d’être compétitif pour approvisionner l’Algérie. Dans son dernier appel d’offres l’Algérie vient d’ailleurs de finaliser 600 kt à un prix compris entre 250,50 $/t et 252,50 $/t C&F en origine optionnelle. Compte tenu du prix du blé français, qui sur le papier est plutôt à 4-6 $ de plus, il est fort probable que ces 600 kt échapperont à la France… à moins que les prix ne s’alignent d’ici la période d’exécution pour sécuriser le principal débouché.
Ainsi, sans activité majeure, les cours s’effritent cette semaine.
Concernant la prochaine récolte, le Conseil International des Céréales estime que les surfaces dédiées au blé atteindront 219,8 Mha, soit une hausse de 1% par rapport à cette campagne. Les surfaces progressent de 4,7% (+1,2 Mha) en Europe, de 2,9% (+ 0,5 Mha) aux Etats-Unis et de 1,9% (+ 0.7 Mha) en Russie. Même si les inquiétudes persistent sur l’état des semis en Pologne et en Allemagne, en France les récentes pluies sont de nature à rassurer sur les implantations des céréales d’hiver.
Orge
Les chargements se poursuivent dans les ports français à destination de l’Arabie Saoudite (56 kt) et de la Tunisie (53kt), sur un marché peu animé. Les acheteurs sont en retrait, les primes proposées en rendu portuaire se déprécient et le prix de l’orge enregistre ainsi une baisse de 5 à 6 €/t selon les ports.
Maïs
A l’image des autres céréales, le marché est bien calme. Quelques affaires se poursuivent en portuaire sur la façade Altantique pour alimenter les usines du nord de l’Europe toujours pénalisées par les basses eaux sur le Rhin. La demande des fabricants français reste dynamique. Compte tenu de la cherté du blé, le maïs est privilégié dans les formulations pour les aliments pour animaux et cela devrait se concrétiser par un regain d’affaires. Par contre, les clients espagnols ne comptent guère sur le maïs français, bien trop cher comparativement au maïs en provenance de la Mer Noire qui continue d’affluer dans le port de Tarragone. Les tensions diplomatiques entre la Russie et l’Ukraine n’ont pas de conséquences dans l’immédiat sur les programmes de chargement qui ne sont pas remis en cause, mais le marché est particulièrement attentiste.