Analyse du marché des céréales
Bilans mondiaux toujours lourds
Ble
La reprise du dollar contre l’euro n’a pas permis d’enrayer la baisse des cours du blé sur le marché européen. Le contrat blé d’Euronext enregistre une nouvelle baisse de 3,50 € cette semaine. Les primes sur le marché physique sont également en retrait sur de nombreuses parités, tant sur la fin de campagne que pour la nouvelle récolte. La demande reste faible en portuaire malgré un léger mieux du côté des chargements. Les fabricants semblent aujourd’hui correctement couverts et sont très peu présent aux achats.
En cette sortie d’hiver, la lourdeur des bilans de la récolte mondiale de 2016 et les perspectives correctes pour la moisson à venir pèsent sur les prix.
Le Conseil International des Céréales réévalue la production mondiale de céréales en hausse de 4 Mt pour la campagne 2016/17. Les belles récoltes engrangées en céréales à paille et en maïs, en Australie comme en Amérique du Sud, viennent accentuer les stocks de reports mondiaux évalués maintenant à 513 Mt.
Compte tenu d’une baisse des surfaces dédiées à la culture du blé (-1%) et du maïs (-1%) et également d’une moindre productivité pour ces deux grandes céréales après des rendements exceptionnels en 2016, le CIC anticipe une production en retrait de 54 Mt à l’échelle de la planète (cf. graph de la semaine). La production mondiale dépasserait malgré tout les 2 milliard de tonnes, pas de quoi inquiéter les marchés à ce jour.
En blé tendre, les principales baisses par rapport à cette année sont attendues aux USA (-12 Mt, soit -20%) et en Australie (- 9 Mt, soit -27%). La production européenne devrait s’inscrire en hausse (+5,5 Mt) et compenser ainsi la baisse attendue en Russie (-5,6 Mt). Toutefois, avec une production de 735 Mt et des stocks de report de la campagne actuelle à 239 Mt, les disponibilités devraient rester très confortables… et aucune inquiétude majeure ne vient pour le moment assombrir le tableau pour les consommateurs.
Le CIC prévoit une récolte française de blé tendre à 37,7 Mt. Aujourd’hui en France, peu d’acteurs osent se risquer au jeu des prévisions et encore moins prendre des positions. Les déboires de la récolte 2016 semblent brider les opérateurs. L’attentisme est de mise et pourtant, les prix glissent et il est à craindre que nos concurrents soient déjà sur les starting blocks.
Orge
Contrairement au blé tendre, l’orge bénéficie d’une demande ponctuelle pour des chargements en cours à destination de l’Arabie Saoudite. Ainsi, le mouvement du cours de l’orge fourragère en rendu portuaire s’inscrit à contre-courant par rapport à celui du blé et parvient même à s’inscrire légèrement en positif cette semaine.
Maïs
Le marché mondial s’intéresse surtout aux intentions de semis des producteurs américains. L’USDA délivrera ce soir son rapport fort attendu sur ce sujet. Les analystes attendent une baisse significative des surfaces dédiées au maïs, au profit du soja. Le CIC anticipe d’ailleurs une récolte américaine en 2017 en repli de près de 25 Mt (-6,4%)
Toujours selon le CIC, la production européenne est attendue en légère hausse notamment grâce à une hausse en Roumanie et en France. Si en France on espère en effet retrouver une production « normale » de maïs, aujourd’hui l’heure est surtout au questionnement sur les surfaces qui seront dédiées à cette production. Entre des réserves en eau peu fournies qui font craindre des restrictions d’eau et la faible rentabilité du maïs, les baisses de surfaces pourraient s’accentuer encore au profit d’autres cultures de printemps moins gourmandes en eau et en intrants.