Marché des céréales
Offre abondante de céréales
L’offre abondante de céréales à des prix bon marché rend les céréales attractives à l’import.
Les pays importateurs de céréales n’attendent pas les récoltes de la nouvelle campagne pour faire leurs emplettes. Les niveaux des cours des différentes céréales reposent sur des productions mondiales de maïs et blé à venir abondantes.
Au cours de la semaine passée, les prix des trois principales céréales ont baissé de quelques euros par tonne ces huit derniers jours. Avec un euro à 1,13 dollar, la parité de la monnaie unique accentue le repli constaté sur les places de marché américaines. L’écart entre les prix de la tonne d’orge fourragère et de maïs d’une part, et le prix de la tonne de blé d’autre part avoisine à 20 € par tonne en moyenne.
Parmi les négociations commerciales récentes, Taïwan se porte candidate pour acheter 88 kt de blé meunier aux Etats-Unis et le Japon projette d’importer 76kt de blé américain ou australien.
En Egypte, le GASC a acheté 120 kt de blé russe à 227,25 $/t et l'Arabie saoudite, 1,08Mt d'orge russe et ukrainienne.
A trois semaines de la fin de la campagne, l’Union a exporté 34,8 Mt de blé une fois prises en compte les dernières livraisons de 750 kt de la semaine passée.
En France, dernière ligne droite avant la moisson ! Toutes les céréales d’hiver sont épiées. La récolte des 5 millions d’hectares de blé sera plus précoce de 12 jours par rapport aux cinq dernières années. Le recul de la sole de 8 % au niveau national par rapport à 2015-2019 « est particulièrement marqué dans l’Ouest avec des baisses de 20,6 % en Pays de la Loire, 20,2 % en Bretagne et 13,8 % en Poitou Charentes », souligne le service de la statistique et de la prospective du ministère de l’agriculture. La superficie de blé dur serait aussi plus faible (- 2,4 % sur un an et surtout de - 28,8 % par rapport à la moyenne 2015- 2019).
Conditions de cultures stabilisées
Le retour des précipitations n’a pas fait de miracles. Au 15 juin, les conditions de cultures des céréales se sont stabilisées à des niveaux très bas comparés à l’an passé. Pour le blé, elles sont « bonnes » ou « très bonnes » à 56 % alors qu’elles l’étaient à 80 % un an auparavant, selon Céréobs, l’observatoire de suivi des cultures de FranceAgriMer. Pour l’orge d’hiver, le ratio est de 52 % (75 % l’an passé), pour l’orge de printemps, 54 % (87 %) et pour le blé dur 63 % (70 % en 2019).
Les conditions de développement des cultures de maïs sont en revanche sont bonnes ou très bonnes à hauteur de 83 %. La sole de maïs-grain (y compris celle dédiée aux semences) progresserait de 10,5 % par rapport à 2019 et de 12,1 % par rapport à la moyenne 2015-2019 pour atteindre 1,67 million d’hectares.
Bilan commercial français
Pendant les deux mois de confinement de l’économie française, les exportations de céréales sont dans l’ensemble très bien maintenues. Certes les expéditions de grains vers les pays européens (328 millions d’euros -M€) ont baissé en avril dernier de 11 % par rapport à l’année passée à la même époque mais celles à destination des pays tiers (495 M€) ont crû de 30 %.
Durant les quatre premiers mois de l’année 2020, le bilan est largement positif : 3,7 Mds d’€ d’exportations contre 3,3 Mds d’€ l’année passée à la même période. L’’excédent commercial est passé de 2,7 Mds d’€ à 3 Mds d’€.
L’Union européenne exportateur de maïs
qui compte
Une partie du dernier rapport conjoncturel de l’USDA, l’organisme de statistiques américains, porte sur la production et la commercialisation des céréales secondaires dans certaines régions du globe. Bien que l’Union européenne soit importatrice nette de maïs (19,1 Mt en 2019-2020), elle fait pourtant partie des six bassins de production exportateurs de la planète. Mais elle rayonne essentiellement autour du bassin méditerranéen.
Le Liban, la Turquie, l’Algérie ou encore l’Egypte s’approvisionnent auprès d’elle en raison de leur proximité géographique. Ces pays importateurs apprécient de pouvoir acheter des petites quantités de grains pour compléter leur production intérieure et pour répondre à des demandes pointues. En crise, la Turquie en profite pour importer massivement des grains afin d’alimenter son marché intérieur et maitriser l’inflation.
En fait, la quasi-totalité des exportations européennes (3,9 Mt) vers les pays tiers est roumaine. La France n’a expédié que 120 000 tonnes de grains vers les pays tiers dont 58 000 t en Suisse. Mais le 11 juin dernier notre pays a vendu 3,7 Mt à ses partenaires européens depuis le début de la campagne. Les premiers clients de la France sont l’Espagne (1,62 Mt), les Pays Bas (675 kt), la Belgique (555 kt) et l’Allemagne (400 kt).
Le maïs dans l’hémisphère sud
En cette fin d’automne austral dans l’hémisphère sud, l’heure est au premier bilan. L’Afrique du sud a récolté 16,25 Mt de maïs grains, soit 4,5 Mt de plus que la campagne précédente. Au Brésil, il serait intéressant de revenir sur la situation évoquée dans notre précédent bulletin. En décembre dernier, le pays a emboité le pas sur les Etats Unis en augmentant le premier sa superficie de maïs (+ 1 million d’hectares). Au total, 18,4 millions d’hectares ont été semés avec un rendement escompté de 5,9 tonnes par hectare, selon l’USDA. L’état du Mato grosso, qui concentre 45 % de la récolte de la Safrina, s’apprête à récolter 32,9 Mt de maïs. Les précipitations survenues au nord de l’état le mois passé permettent d’espérer des rendements très importants. Alors que dans le sud de l’état, le déficit hydrique semble avoir endommagé irréversiblement le développement des cultures.
Le Blé, la reconquête australienne
est en marche
En Australie, les 13 millions d’hectares semés représentent un potentiel de production de 26 Mt, selon l’USDA. Le pays peut espérer exporter jusqu’à 16 Mt de grains car seules 3,5 Mt de blé fourrager seront destinées à la production d’aliments. Grâce au retour des précipitations, la récolte abondante de fourrages réduira de 1,4 Mt la quantité de grains destinée à l’alimentation animale.
Pour écouler ses grains, le pays va devoir reconquérir les parts de marché perdues en Océanie, et en particulier en Indonésie, 2ème pays importateur mondial de blé de la planète. Le pays expédiait habituellement jusqu’à 5 Mt de de grains par an. Mais l’an passé, faute de denrées suffisantes, seule 1 Mt a été expédiée. Le prix négocié de la céréale n’était pas non plus bon marché.
En revanche, l’ile-continent a conservé de très bonnes relations commerciales avec la Corée du sud, les Philippines et le Japon même si les ventes portaient l’an passé sur de plus petits volumes qu’à l’accoutume.