Analyse du marché des céréales
Révision des stocks à la baisse en France
Ble
L’USDA a publié un nouveau rapport sur l’offre et la demande mondiales de céréales, qui, en pleine semaine de Pâques et avec peu d’éléments nouveaux, n’aura pas retenu l’intérêt des opérateurs. A l’échelle mondiale, les grands équilibres ne changent guère et sont déjà intégrés par le marché.
Par contre, les variations du bilan français sont conséquentes et non dénuées d’intérêt.
FranceAgrimer délivre cette semaine ses nouvelles estimations pour le bilan national de l’offre et de la demande de céréales.
Fait notable, la baisse de la collecte prévisionnelle de blé tendre et la baisse du stock de report. En 2015/2016, avec une récolte record et un stockage ferme conséquent, la collecte de février avait atteint un niveau élevé et la cadence s’était poursuivie sur cette même tendance en mars et avril. Cette année, la situation est diamétralement opposée. La récolte historiquement faible, et d’une qualité complexe à commercialiser, conjuguée à des besoins de trésorerie des producteurs se traduit par une collecte qui s’est finalement réalisée plus tôt qu’habituellement. Ainsi, la collecte du mois de février est en net retrait par rapport à l’an passé (-36%), et l’on s’attend aujourd’hui à un rythme de collecte comparable, voire moindre, dans les mois à venir. FranceAgriMer revoit donc sa prévision de collecte du blé tendre en retrait de 335 kt, à seulement 25,7 Mt. Avec une autoconsommation estimée par ailleurs en hausse de 500kt, l’augmentation des importations
(+50 kt) ne suffit pas à compenser la baisse des ressources disponibles pour le marché. La qualité difficile à travailler génère des freintes supplémentaires que FranceAgriMer évalue maintenant à 385 kt, soit 1,5% de la collecte au lieu de 1% habituellement. Là aussi, cela fait finalement 125 kt de moins pour les utilisateurs. Ainsi, les disponibilités se réduisant, et les usages restant quasiment inchangés, le stock de report est attendu à
2,6 Mt soit 359 kt de moins que le mois précédent.
Le marché réagit en prenant quelques euros pour des livraisons avril-juin, notamment en portuaire. Réaction aussi probablement au dernier achat de l’Algérie de 570 kt jeudi 6 avril, qui selon les rumeurs pourrait en partie être approvisionné en blé français. Mais d’ici le mois de juin, période de livraison demandée, les prix Fob comme ceux du fret ont le temps de s’ajuster, et permettre d’éventuels arbitrages dans les origines par les chargeurs.
Des affaires se nouent également en blé fourrager à destination des fabricants d’aliments du nord de l’Europe, mais l’écart de prix se creusent nettement selon les qualités. Les collecteurs cherchent à écouler leurs marchandises de qualité médiocre avant l’arrivée de la prochaine moisson, mais les acheteurs ne sont pas légion.
L’écart se réduit avec les prix proposés pour la nouvelle récolte et la période de transition entre les deux campagnes s’annonce bien délicate. Pour la prochaine campagne, les primes s’améliorent légèrement, mais les opérations restent peu nombreuses. Avec les incertitudes concernant les réserves en eau, les intérêts s’expriment surtout pour des blés fourragers.
Orge
Plus encore qu’en blé tendre, le bilan de l’orge se tend. Les exportations vers les Pays-Tiers, si elles ne sont pas à la hauteur des deux dernières campagnes qui avaient été marquées par un important courant d’affaires avec la Chine, affichent tout de même une belle performance. Le total des chargements à destination des Pays-Tiers s’établit à 1,9 Mt
au 1er avril, grâce notamment à des embarquements conséquents vers l’Arabie Saoudite, dont 385 kt sur le seul mois de mars. Et la dynamique se poursuit sur ce début de mois d'avril. Cela conduit FranceAgriMer à revoir à la hausse ses prévisions d’exportations à 2,4 Mt (+400kt). Compte tenu d’une ré-évaluation des freintes de 150 kt supplémentaires, le stock de report est réduit au total de 600 kt et s’établit maintenant à 1 Mt.