Tension mondiale sur le complexe oléagineux

Les conditions climatiques sont de plus en plus inquiétantes dans les principales régions productrices de soja notamment, créant une tension sur le marché mondial dans la crainte que l’offre ne soit pas au rendez-vous. Ceci alors même que le marché européen est particulièrement lourd en raison d’une récolte de colza européen pas si décevante.

Le temps chaud et sec observé ces dernières semaines aux États-Unis est toujours présent, et il devrait se poursuivre sur le mois de septembre d’après les dernières prévisions. En première ligne, le soja inquiète les marchés, car cette météo pourrait jouer sur le potentiel de rendement. Lors de son dernier tour des plaines, l’USDA a dégradé la note des conditions de culture de soja d’1 point par rapport à la semaine précédente, jugeant 58% des surfaces dans un état « bon à excellent ». Cette dégradation en deçà des attentes des opérateurs a eu un léger effet de détente sur les cours en début de semaine.

Mais les prévisions météorologiques pour ce mois de septembre et la bonne dynamique d’export offrent des soutiens au cours du soja. Depuis vendredi dernier, l’USDA a annoncé pas moins de quatre ventes de soja pour un total de 928 000 tonnes avec 120 000 t à destination de la Chine, 296 000 t à destination inconnue, 246 000 t à destination inconnue et 266 000 t à destination inconnue (très probablement la Chine).

Cette bonne dynamique d’export ne permet cependant pas de rattraper le retard d’exportation accumulé en début de campagne en raison de la forte concurrence du Brésil. Par ailleurs, le Brésil est le premier exportateur mondial avec 70 millions de tonnes (Mt) vendues entre janvier et juillet 2023 dont 90% à destination de la Chine.

La fermeté des cours du soja a profité à ceux du colza pourtant la situation est bien différente sur le sol européen où la récolte n’a pas été si décevante qu’attendue. La production française de colza est estimée à 4,3 Mt, en hausse de 10,5% par rapport à la moyenne 2018-2022. Ceci s’explique par une hausse des surface (1,36 millions d’hectares (Mha), au plus haut depuis 5 ans) et un rendement national proche de la moyenne quinquennale (32 q/ha).

La situation n’est pas la même en Allemagne. Compte tenu des mauvaises conditions météo de la fin de cycle, le Ministère de l’Agriculture a annoncé un recul de la production de 3% à 4,2 Mt.

Aux volumes de la production européenne s’ajoutent ceux de l’Ukraine qui sont jugés records et qui vont apporter de la lourdeur aux bilans européens. En effet, la non-reconduction du corridor impacte les flux et une grande majorité de la production ukrainienne devrait passer par l’Europe. Les effets sont déjà observés, puisque les importations européennes d’oléagineux sont en baisse et la trituration est en hausse, ce qui devrait s’avérer à terme favorable.

D’autant plus que la Canada, comme les États-Unis connait des conditions météo défavorables aux cultures de canola. Dans son dernier rapport de cette semaine, StatCan estimait la production de canola à 17,6 Mt, dans les attentes des opérateurs mais en baisse de 1,1 Mt par rapport à la campagne précédente.

Côté prochaine campagne, en France, les semis de colza se passent plutôt dans de bonnes conditions. En Ukraine le Ministère de l’Agriculture a annoncé que les surfaces de colza pourraient augmenter et atteindre le chiffre record de 1,9 Mha.

En tournesol, les travaux de récolte devraient bientôt débuter en France. Les perspectives de production sont bonnes en Europe et dans le monde. La production est attendue à un haut niveau de 55,7 Mt, dont 15,7 Mt en Russie et 14 Mt en Ukraine.