Analyse du marché des céréales
Le blé russe inonde le marché
BlÉ
Au 29 août, la récolte allemande n’est toujours pas terminée et les inquiétudes sur la qualité des blés allemands restent d’actualité. Toutefois, cet élément est maintenant bien intégré par les opérateurs et ne parvient plus à soutenir les prix français. C’est la Russie qui fait la une, avec une récolte qui s’annonce pléthorique et une compétition sur le marché international qui devrait être plus difficile que prévu.
Entre fin juillet et fin août, le Conseil International des Céréales a revu à la hausse de 10 Mt sa prévision de production de blé en Russie. Estimée maintenant à 80 Mt, elle pourrait même être encore augmentée d’ici la fin de la moisson. Fort de cette récolte abondante, les blés russes inondent le marché et pèsent sur les cours.
A la faveur de la baisse des cours mondiaux, les grands acheteurs de blé, l’Algérie, l’Egypte et l’Arabie Saoudite ont réalisé des achats conséquents. Le 25 août, l’Algérie a négocié 590 kt de blé, d’origine optionnelle. A priori, le blé américain HRW étant compétitif, il pourrait alimenter en partie cette affaire. Une autre partie sera probablement réalisée au départ des ports français, mais les prix négociés sont inférieurs aux valeurs de remplacement du blé au départ de la France ce qui ne constitue pas un signal particulièrement optimiste en termes de perspective de prix.
L’Egypte a lancé deux appels d’offres successifs, le 17 puis le 29 août au cours desquels la Russie s’est positionnée en leader du marché, totalisant 535 kt sur 655 Kt. L’Ukraine a vendu, pour sa part, un bateau par appel d’offres (120 kt). Du blé français a bien été offert, mais à une douzaine de dollars de plus que ses concurrents. Compte tenu de l’abondance d’offres présentées, aucun bateau français n’a donc été retenu.
Dans ce contexte de marché déprimé, peu d’affaires se nouent y compris sur la scène nationale.
orge
La baisse des prix à également généré des achats d’orge fourragère ce mois-ci. L’Arabie saoudite, le premier pays importateur d’orge, a réalisé un achat de 660 kt le 12/08, apportant un net soutien au marché.
Les statistiques d’exportations au départ des ports européens à destination des pays-tiers sont décevantes. Avec seulement 522 kt chargées depuis le 1er juillet, c’est deux fois moins que l’an passé à la même date. Toutefois, sur ce total, la France réalise une bonne partie des affaires. Bien que plus chère que la Mer Noire, l’origine française parvient à se placer à destination de l’Afrique du Nord et de l’Arabie Saoudite. A noter également un bateau de 60 kt chargé à destination de la Chine courant août. Au 31/08, selon les statistiques de la Commission Européenne, 249,5 Kt d’orge ont été chargées au départ des ports français, soit plus de 50% des expéditions réalisées au départ de l’Union.
maïs
A 150 €/t en rendu portuaire sur la façade atlantique, le prix du maïs reste bas aux yeux des producteurs et pourtant il n’est pas dans la course… Les prix français sont trop élevés par rapport aux concurrents de la Mer Noire et les opérateurs peinent à conserver leurs clients.
Depuis début juillet, les importations de maïs dans l’UE sont soutenues. Malgré une récolte attendue abondante en France, des affaires d’importations sont déjà nouées par l’industrie pour couvrir des besoins sur la période octobre-décembre. L’absence de vendeur de maïs origine française d’une part et la bonne qualité observée lors des achats de l’an dernier encourage l’amidonnerie notamment à sécuriser ses approvisionnements. L’écart de prix avec l’origine Mer Noire milite malheureusement pour la continuité de ces flux, privant le maïs français d’une partie de ses débouchés habituellement captifs.
La récolte française est attendue avec une dizaine de jours d’avance et est anticipée de bonne facture. Pour le moment, la décote pour des livraisons octobre est de 3 €, par rapport à des livraisons plus éloignées. Mais l’arrivée conjuguée de belles moissons de tournesol et de maïs risque d’accentuer la pression dégagement.