Marché des céréales
Campagne 2024-2025 : L’Union européenne produirait 283 Mt de grains
En Union européenne et dans le reste de la planète, les productions de céréales augmenteraient en 2024-2025. Mais en France, elles baisseraient de 2 Mt par rapport à la campagne actuelle à 62 ,3Mt.
La France amorce la campagne 2024-2025 à contre-courant du reste de la planète. Notre pays produirait 62,3 Mt de grains, soit 10 Mt en moins qu’en 2014, selon la Commission européenne. Elle baisserait de 2 Mt par rapport à l’an passé et de 2,9 % par rapport à la moyenne quinquennale 2019-2023.
La répartition par production serait la suivante : 32,5 Mt de blé (-1,7 Mt sur un an), 13,6 Mt de maïs (+ 600 000 t), 11,9 Mt d’orges (- 400 000 t), 1,56 Mt de triticale et 1,2 Mt de blé dur.
Par rapport à la moyenne quinquennale, la production de blé tendre diminuerait de 7 % en moyenne et celle de blé dur de près de 21%.
Il y a dix ans, la production française de céréales était de 72 Mt et depuis, ce record n’a jamais été approché. Notre pays avait alors engrangé 37,5 Mt de blé.
A l’échelle nationale, l’ensemble de ces estimations pour 2024-2025 sont établies en fonction des surfaces déclarées et du potentiel de production des cultures en place.
Cette année, 6,8 millions d’hectares (M ha) de céréales à paille seraient implantés selon une étude d’Agreste, soit 0,4 M ha de moins qu’en 2023 (- 6,1 %). La répartition est la suivante : 4,39 M ha de blé (- 7,7 % sur un an), 230 000 ha de blé dur (- 2,6 %) et 1,78 M ha d’orges (- 2,0 %). Les 500 000 ha d’orges de printemps semés en plus (+10,78 % sur un an) ne compenseront pas la chute de 6,1 % de la superficie en orges d’hiver (- 64 000 ha).
La prochaine campagne des vingt-sept pays européens
En Union européenne, la campagne 2023-2024 s’inscrivait dans la moyenne de cinq dernières années.
Les Vingt-sept pays membres produiraient 283 Mt de grains en 2024-2025 selon la Commission européenne. Le Comité de gestion des cultures arables table quant à lui sur une production globale de 279 Mt, elle aussi dans la moyenne quinquennale.
Moins de blés tendre et dur seraient récoltés mais plus d’orges et de maïs seraient engrangés.
Par céréale à paille, la répartition serait la suivante :
- blé tendre : 121,7 Mt, -6 Mt sur un an ;
- blé dur : 6,7 Mt, - 0,3 Mt sur un an ;
- orges d’hiver et de printemps : 54 Mt, +6 Mt sur un an ;
Quant au maïs, la Commission européenne table d’ores et déjà sur une récolte de maïs de 69,3 Mt.
Ces prévisions impacteraient en 2024-2025 les capacités d’exportations et de stockage de céréales à paille de l’Union européenne et de ses vingt-sept pays membres. Selon le Comité de gestion des cultures arables, ces derniers exporteraient ensemble 31 Mt de blé, comme cette campagne-ci, mais au prix d’une réduction drastique de 8 Mt de ses stocks à 12 Mt. Les exportations d’orges sont d’ores et déjà estimées à 10,3 Mt (+8,5 % sur un an).
La prochaine campagne céréalière dans le monde
Que pèsera le recul de la production française de céréales à paille sur les marchés de l’export? Probablement pas grand-chose si les prévisions du Conseil international des céréales sont confirmées dans les prochaines semaines. Ce dernier estimait au mois de mars dernier la production mondiale de blé à 764 Mt (+ 6Mt), celle d’orges à 152 Mt (+ 7 Mt) et de blé dur à 34,6 Mt (+3 Mt). Aussi, la planète ne manquera pas de grains exportables. Les tonnes de blé produites en moins en France n’altèreront pas la bonne marche des affaires sur les marchés des céréales.
Même affaiblie, l’Ukraine ne renoncera pas à exporter du maïs en Union européenne alors que sa production des Vingt-sept pourrait atteindre 69 Mt après 62 Mt en 2023-2024 et 53 Mt la campagne précédente.
En 2024-2025, les pays européens structurellement déficitaires en maïs importeraient de nouveau 17,4 Mt.
Toutefois, l’Ukraine ne commercialiserait que 14,5 Mt de blé (-2,5 Mt sur un an) et 22 Mt de maïs (4Mt) dans le monde selon Ukragroconsult. De nombreux agriculteurs se sont lancés dans la plantation de betteraves sucrières.
A contrario, la Russie mise sur une production de blé de 94 Mt (+ 1 Mt sur un an) mais elle n’en exporterait que 45 Mt (- 7 Mt sur un an) car elle ne peut plus compter sur ses stocks pour vendre 52 Mt de blé dans le monde.
Aussi, les deux pays en guerre auraient moins de moyens pour évincer l’Union européenne sur ses marchés intérieur et extérieur. Pour autant, la France ne profitera pas de cette aubaine si les prévisions de production de la Commission européenne sont confirmées. Et surtout si les prix des grains restent à leurs niveaux actuels. A Rouen, le prix de la tonne de blé oscille autour de 190 € et celle de maïs de 180 €-185 € après avoir gagné plus de 10 € en un mois.